lundi 14 novembre 2016

Trump : un changement dans la bonne direction ?

Trump : un changement dans la bonne direction ?

Politiquement, par l'énorme coup de pied dans la fourmilière politique trop homogène qui dirige les Etats-Unis depuis trop longtemps, l'élection de Trump peut être considérée comme une révolte démocratique bienvenue et légitime. Mais alors qu'il va s'installer à la Maison Blanche dans quelques semaines, il faut bien se demander s'il apportera le changement désiré.



Sortie d'une impasse pour direction incertaine

Le duel politique de l'année 2016 aux Etats-Unis avait ceci de particulier que chaque candidat renforçait l'autre, l'un étant presque son anti-thèse : homme contre femme, novice politique contre la personne la plus préparée, discours provoquant et plus spontané contre éléments de communication précautionneusement préparés. Le rejet suscité par l'un renforçait l'autre, et inversement. Comme en 2007 en France, les citoyens se sont largement mobilisés contre celui qu'ils rejetaient le plus, même s'il faut aussi reconnaître, qu'il y avait aussi de vrais supporters de l'un, comme de l'autre. Et l'élection a été extrêmement serrée, puisqu'Hillary Clinton a gagné de peu le vote populaire, par 47,6% contre 47,5%.

Je persiste à penser que, malgré les grandes limites personnelles de Trump (faut-il être français pour être rétient à voir un futur président avoir été le héros d'une émission de télé-réalité, ou s'être donné en spectacle à un combat de catch ?) ce choix était bien meilleur que celui d'Hillary Clinton. Car la candidate démocrate, outre des aspects personnels questionnables, c'était plus de ce qui échoue depuis des décennies : l'interventionnisme extérieur, l'anarchie commerciale, la poursuite d'un manque de régulation. Seul bon point : la hausse du salaire minimum. Et ses idées sur le financement des études supérieures sont absolument effarantes, accentuant le mal au lieu de le soigner.

A contrario, plusieurs éléments du discours de Trump sont positifs. Comme le note Sapir, il pourrait être le premier président de la démondialisation. En effet, Il refuse le laisser-passer tant pour les produits, les capitaux et les personnes. Il a tenu des propos très forts contre les importations à bas coûts, qui pourraient ouvrir la voie à une relocalisation d'une partie des emplois perdus. Il affirme vouloir rapatrier les capitaux qui ont fui son pays et il est aussi opposé aux flux incontrôlés de personnes (d'où le mur à la frontière avec le Mexique). Et il propose une hausse du salaire minimum ainsi qu'un programme d'investissments publics dans les infrastructures. Enfin, son refus de l'aventurisme interventionniste à l'étranger, qui n'a engendré qu'un chaos d'où a surgi Daech, représente un véritable progrès.

Cependant, outre un caractère assez fantasque pour la fonction et la question de ses motivations, certaines de ses propositions posent problème. Michel Onfray a sévèrement fait de lui « la poupée gonflable du capital ». Il faut dire qu'il propose une suppression de l'impôt sur les successions, une baisse de plus de moitié de l'impôt sur les sociétés et une baisse générale de l'impôt sur le revenu, qui profiterait aux plus riches. Son programme fiscal alimenterait fortement des inégalités qui n'en ont pas besoin. Bref, ce n'est pas parce qu'il horripile ceux qui nous horripilent qu'il faut perdre toute distance critique, d'autant plus que son pragmatisme pourrait le mener dans des directions imprévisibles.


L'élection de Donald Trump est une bonne nouvelle, tant sur le sens politique de rejet d'élites qui ont oublié les citoyens, que sur le fond, avec la remise en question de cette mondialisation anarchique. Cependant, le programme du président-élu risque d'accentuer encore fortement les inégalités et il est difficile de savoir quelle direction il fera prendre à sa présidence. Pour le meilleur, ou pour le pire ?

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